












an unhusked grain of rice fills the whole house
/ UN GRAIN DE RIZ NON DÉCORTIQUÉ REMPLIT TOUTE LA MAISON
solo exhibition curated by kara skylling
Galerie B-312
372 rue St-Catherine O
27 Feb – 5 Avr 2025
Vernissage: THURSDAY,February 27, 2025 at 5:00 pm
Exhibition Run: FEBRUARY 27 – APRIL 12, 2025
PHOTOS BY: Guy L’Heureux
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An Unhusked Grain of Rice Fills the Whole House takes its name from an old Akeanon riddle. When translated into English, the phrase takes on the character of a proverb, evoking the boundless potential contained within a single seed. In this exhibition, that kernel of possibility emerges from an unexpected source—one encountered decades after it was first planted.
A modest grave marker within her paternal mausoleum became the catalyst for Del Rosario’s latest body of work. Its enigmatic inscription sparked an exploration of material and memory, carving a path that connects the present and future to an imagined past.
As the oldest of all the burial markers and bearing an unusual last name, the plaque stirred Del Rosario’s curiosity. She turned to her remaining family members for answers. Her uncle recalled that his father—her grandfather—had commissioned the plaque before his passing, commemorating a figure from stories he had heard as a child. Beyond this, her uncle knew nothing more.
With only this fragment of history and a cryptic inscription as her guide, Del Rosario found no certainty that Don Domingo Macatunao ever truly existed. Yet, it is precisely this ambiguity that makes the marker so compelling. A silent message from an ancestor to his descendants, it stands as a gesture of hope—validating a family’s ties to Batan, illuminating its deep history, and casting light on a past that might otherwise have remained unknowable.
This exhibition does not seek to uncover a singular truth but instead gives form to something ephemeral—an idea—piecing together the fractured remnants of the past. Perhaps Don Domingo was an ancestor from 1817, or perhaps he was a myth. Either way, there is comfort in knowing even this much. Like an unhusked grain of rice, his story expands across centuries.
Bringing together a diverse range of materials transformed through layered processes, the exhibition features handmade paper and ceramics, alongside an array of other media integral to Del Rosario’s artistic language. The sculptural paper-works reimagine an ancient technology of record-keeping, yet instead of words, they hold embedded materials and natural pigments—acting as co-narrators of a story that resists fixity. These sculptural objects invite a fluid, evolving history to emerge through their pages, allowing the past to take shape in new and unexpected ways.
– KUH DEL ROSARIO
La Galerie B-312 est heureuse d’accueillir le nouveau corpus de Kuh Del Rosario. Lors d’une visite au mausolée de son père, elle est frappée par la plus ancienne des plaques commémoratives : DON. DOMINGO MACATUNAO Batan’s 28th Gobernadorcillo, 1817.—Ne reconnaissant pas le nom de famille, l’artiste a questionné sa parenté. Un de ses oncles s’est souvenu qu’il s’agissait de son propre père qui avait commandé cette plaque pour commémorer un personnage d’une histoire entendue dans son enfance. Ce détail ambigu et l’épitaphe tout aussi cryptique sont devenus ses guides et ont mené à l’exploration matérielle et à la réalisation de l’ensemble des œuvres présentées dans l’exposition. Don Domingo Macatunao est-il vraiment un de ses ancêtres ou a-t-il seulement existé ? La sculpteure embrasse l’incertitude et envisage la situation comme un message secret de son grand-père à ses descendants, comme un geste d’espoir validant les relations de sa lignée avec la province de Batan, à l’époque sous régime espagnol. Elle ne cherche pas à atteindre une vérité, mais plutôt à offrir une forme matérielle à quelque chose d’insaisissable, traçant un nouveau chemin reliant le présent et l’avenir par un passé imaginé. Comme un grain de riz planté il y a plusieurs décennies dont les semences lui permettent de se perpétuer dans le temps, cette histoire traverse les siècles.—Les papiers et les céramiques faits main forment le cœur de l’exposition et côtoient les sculptures. Kuh Del Rosario privilégie une matérialité éminemment organique avec des techniques expérimentales dans lesquelles sont rassemblés un large éventail de matériaux. Par exemple, certaines structures sont recouvertes d’une pâte à base de grains de café. Ses papiers artisanaux, eux, sont fabriqués avec du papier recyclé, du tissu déchiqueté et de la pulpe d’avocat, dans lesquels sont intégrés d’autres matières, comme de la fourrure de bison ou de la teinture d’indigo. Il en devient difficile de situer l’origine de ce qui est vu : serait-ce des objets millénaires retrouvés, enfouis sous la terre ou dans l’eau ? Cette manière de travailler permet aussi à l’artiste de repenser le support papier et de faire émerger, par les matériaux plutôt que par les mots, une histoire plus fluide et en constante évolution. Dans certaines pièces, la sculpteure insère une touche anthropomorphique, tel l’ajout de pieds à une boîte de carton expédiée depuis les Philippines, arrivée difforme et entièrement recouverte de timbres. Dans une autre œuvre, elle reproduit des statues en bois sculpté représentant des personnages exécutant la danse folklorique philippine Tinikling. Les mouvements de cette danse traditionnelle, et son nom, sont inspirés du tikling, un oiseau habile pour voler le riz dans les rizières en évitant les pièges de bambou. Pour elle, il s’agit d’un symbole de liberté, ce qu’elle souhaite refléter par ailleurs sur l’ensemble de son exposition, qui est à découvrir dans les deux salles de la Galerie B-312 jusqu’au 12 avril 2025.
An unhusked grain of rice fills the whole house (Un grain de riz non décortiqué remplit toute la maison) est la traduction de Sang uhay nga paeay nakaeuob it baeay, une énigme akéenne – langue parlée dans la famille de son père. Kuh Del Rosario emprunte ce qui devient l’équivalent d’un proverbe pour désigner une idée conservée dans son cocon qui, même si elle n’est pas réalisée, a le pouvoir d’éclairer le chemin.
– Joannie Boulais